C’est assez courant d’entendre que les tissus musculaires ont de la mémoire. Vous en avez sûrement entendu parler. D’après plusieurs athlètes, la mémoire des muscles leur permet de récupérer leur niveau ou leur performance sportive assez rapidement même après une blessure grave ou un arrêt de la pratique sportive pendant un certain temps. Est-ce que réellement ceci est vrai ? C’est dans le but de confirmer cette théorie qu’une étude scientifique a été menée par Malene Lindholm de l’institut Karolinska de Stockholm. Découvrez les résultats de cette recherche portant sur la mémoire des tissus musculaires.
Sommaire
Avis des scientifiques sur le sujet
Une récente étude scientifique publiée dans le journal PLOS Genetics a montré que les muscles n’ont pas de mémoire. Les tissus musculaires ne gardent pas en mémoire un entraînement passé comme le font croire les adeptes des salles de musculation.
D’après les scientifiques, les muscles qui ont été entraînés dans le passé et ceux qui ne le sont pas affichent des changements semblables dans les gènes. En réaction à l’exercice, ces derniers provoquent des modifications similaires dans les gènes qu’ils activent ou non. Selon Malene Lindholm, auteure de l’étude de l’institut Karolinska de Stockholm, cette conclusion peut être une bonne et mauvaise nouvelle pour tout le monde.
La nouvelle est par contre bien encourageante pour les personnes qui ne s’entraînaient pas auparavant ou quand ils étaient dans la fleur de l’âge. Cela ne les désavantage pas face à ceux qui s’entraînent. Si vous commencez les exercices physiques, vous pouvez facilement suivre le même rythme que ceux qui se sont déjà entraînés.
Par ailleurs, les résultats révèlent que le fait d’avoir été un professionnel du tennis ne vous garantit pas la reprise immédiate de votre niveau après un arrêt d’entraînement.
La mémoire musculaire, ce qu’il faut en savoir
Le nombre de temps que perdurent les bénéfices d’un entraînement fait toujours objet de polémique. D’une part, les recherches ont révélé que suite à l’exercice physique, le corps a accéléré l’action de plusieurs gènes. Ces effets peuvent durer plusieurs heures jusqu’à 1 jour après l’exercice. Sur le long terme, lorsque les sportifs continuent par s’entraîner, l’organisme commence à produire plus de protéines. Ces dernières ont pour conséquences une adaptation du corps sur le long terme.
Certaines protéines disparaissent par contre dès qu’une personne arrête de s’entraîner. En conséquence, cette adaptation peut disparaître très rapidement. Lindholm déclare alors : « Dès que vous arrêtez de vous entraîner, notamment si vous êtes victime d’un malheur aussi brutal qu’une jambe cassée, vous perdez votre masse musculaire. Lorsque vous arrêtez complètement de bouger, vous perdez également les effets de l’endurance dus à l’entraînement. »
Pour savoir si les adaptations génétiques perdurent une fois que les gens arrêtent de s’entraîner, les chercheurs ont consulté 23 personnes sédentaires. Ces dernières sont venues au laboratoire pour exercer une de leurs deux jambes 60 fois pendant un temps de 45 minutes. Les individus ont répété cet exercice 4 fois par semaine, et ce, pendant 3 mois. Ils ont été mis en arrêt pendant 9 mois puis ont repris ce même exercice. Cette fois, ils ont utilisé les deux jambes.
Les scientifiques ont prélevé des biopsies de muscles. Pour les avoir, il fallait anesthésier la peau et utiliser une aiguille pour extraire les cellules musculaires avant et après les exercices. Ils analysaient dans les tissus musculaires, quels gènes étaient vraiment actifs dans les deux jambes. Lors de l’entraînement, ils alternaient les jambes dominantes et non dominantes pour éviter toute impartialité.
Les résultats ont révélé que même quand une jambe avait été durement entraînée pendant 3 mois, l’expression des gènes dans les deux jambes ne différait pas. Certains indices laissaient entrevoir que l’entraînement aurait provoqué des changements épigénétiques durables. Autrement dit, il y a eu des modifications des marqueurs chimiques sur les gènes qui affectent la façon dont ces derniers s’expriment. De toute façon, les résultats n’étaient pas concluants pour l’affirmer définitivement.
Les recherches montrent également que les muscles ne s’accrochent pas très longtemps aux modifications métaboliques liées à l’entraînement. Selon les chercheurs, cette conclusion s’explique bien d’un point de vue évolutionniste. En effet, maintenir les muscles dans cet état consomme beaucoup de calories. C’est très coûteux de maintenir les muscles actifs au niveau métabolique ou de conserver une grosse masse musculaire. Selon Lindholm, si le corps n’a pas besoin d’utiliser les muscles, il n’y a pas de raison pour que ce dernier dépense autant d’énergie. Dans les périodes de disette, le fait de conserver les muscles (sans que cela soit nécessaire) pouvait conduire les personnes à être plus affamées.
La véritable mémoire des muscles
Les résultats précédents montrent que les muscles ne conservent pas une mémoire sur les exercices passés. Néanmoins, selon Lindholm ce n’est pas le même cas des nerfs répandus à travers des cellules musculaires. Encore moins pour les régions cérébrales qui contrôlent les mouvements du corps humain. Malene Lindholm déclare : « Les nerfs ont appris dans quel ordre il faut activer les muscles pour pouvoir réaliser un certain mouvement ».
Faire du vélo, jouer du tennis ou apprendre à marcher quand vous êtes enfant sont des choses que vous ne pourrez oublier totalement. Les anciens joueurs de tennis à la retraite par exemple conservent une mémoire presque instinctive de la manière dont ils peuvent refaire un service. Il en est de même pour les anciens gymnases. Ces derniers peuvent savoir la façon dont il faut activer les muscles pour faire un double alto arrière. Bizarrement, il n’en est pas de même pour la puissance musculaire nécessaire pour effectuer un saut par exemple ou un service bien puissant.
Comme conclusion, les chercheurs affirment que si vous n’entraînez pas vos muscles quotidiennement, ils ne pourront pas produire la force nécessaire pour effectuer un mouvement. Ils ne pourront même pas vous permettre de lever une charge même si les nerfs savent avec précision dans quel ordre il faut les activer.
Naturopathe de formation depuis 2011, je me suis spécialisé dans le suivi des athlètes sportifs pour les aider à atteindre leurs objectifs sportifs. Diplômé de l’EESNQ, je propose sur BodyScience une approche ludique du sport et de la nutrition.